Les Voix de l'Oporum, tome 1 : La Gardienne du chardon - Laurène Beles

La Gardienne du chardon – Laurène Beles

Ce premier tome de la saga Les Voix de l’Oporum s’est fait attendre. J’étais très curieuse de découvrir le premier roman de Laurène Beles, de rencontrer ses personnages et d’expérimenter la manière dont elle emporte ses lecteurs. La Gardienne du chardon nous ouvre les portes d’un bel univers à explorer sans tarder.

Auteur : Laurène Beles

Genre : fantasy – steampunk

Résumé

Dévastée par le décès de sa sœur, Isobel Galloway se fait violence pour rester en vie. Son quotidien à la Cour, notamment à cause de son lourd passé, est une souffrance mais elle est condamnée à vivre auprès de la reine Victoria. Convaincue que le suicide de sa sœur Blair est en fait un meurtre déguisé, elle doit embrasser un avenir dont elle ne voulait pas, sans sa protectrice, pour sa propre sécurité, celle de sa famille et de l’Écosse.

Avis

J’ai attendu avec impatience la sortie de ce roman. Ayant une idée des goûts de lecture et d’univers de Laurène Beles, j’étais vraiment intriguée et j’avais hâte de découvrir son œuvre.

J’ai beaucoup aimé suivre le personnage d’Isobel. Son caractère, ses centres d’intérêts et même ses réactions que l’on pourrait croire extrêmes par moment me font sourire : une héroïne réaliste, authentique et fidèle à elle-même. Sa sœur était la personne la plus importante de sa vie et lorsqu’elle disparaît son monde s’effondre. L’annonce officielle du décès de Blair stipule qu’elle s’est suicidée à la suite de l’annonce de la rupture de ses fiançailles avec le prince. Isobel connaissait sa sœur, jamais elle ne se serait suicidée, comme l’indique le journal, n’ayant pas « supporté une telle offense ni un abaissement social ».  Au fil des pages le lecteur découvre que Blair avait un véritable rôle protecteur envers sa petite sœur. La situation d’Isobel est d’autant plus insupportable qu’elle ne ressemble pas vraiment à Blair et ne peut la remplacer. J’ai trouvé le rapport aux émotions et l’affrontement du jugement de la Cour et de sa famille assez intéressants. Les découvertes sur le passé de la famille Galloway, de ce qui a fait d’Isobel ce qu’elle est devenue sont bien réparties dans le roman. Le choix de dispersion des informations est judicieux car celles concernant par exemple le fonctionnement des Sources, les évènements en Confrérie Africaine ou encore le système d’esclavagisme destructeur au profit des nobles sont divulguées intelligemment et de manière équilibrée tout au long de l’intrigue.

Les toutes premières pages de l’œuvre m’ont surprise. En effet, je n’ai pas du tout réussi à me plonger dans l’univers. Les éléments steampunk ne m’ont pas dérangée malgré mon appréhension. En revanche, l’enchaînement des réactions et les actions des différents personnages, ainsi que leur fil de pensées, rendaient la compréhension difficile. J’ai eu l’impression de lire quelques pages pleines d’ellipses. Pas d’inquiétude, cela ne dure pas, tout s’est rapidement éclairci. La progression du récit est par la suite beaucoup plus fluide.

De nombreux éléments du roman m’ont fait un peu penser à La Passe-miroir, en particulier les objets animés et les automates, l’ambiance à la Cour, et même le caractère de certains personnages. D’autres petites inspirations (ou simplement des similitudes) m’ont également sauté aux yeux mais cela ne me dérange absolument pas. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’éléments qui me passionnent mais également parce que cet univers imaginaire ainsi que le fil conducteur de l’histoire ont été travaillés et qu’il s’agit bien d’une création originale. J’ai particulièrement apprécié les personnages aux caractères différents, que l’on découvre plus liés entre eux qu’on ne le pensait grâce à des retours en arrière parsemés dans le récit, et assez réalistes. Cette œuvre fait partie des romans, encore trop peu nombreux, qui proposent des héros et des personnages secondaires qui sortent un peu du schéma traditionnel et j’adore cela.

Apprécier une œuvre dont on a contribué, à son échelle, à la création est d’autant plus agréable. L’univers et l’intrigue sont bien construits. Le premier roman de cette auteure est un pari réussi. L’univers de La Gardienne du chardon est à découvrir sans attendre.

En bref

Bel univers

Les + : personnages réalistes attachants

Les – : quelques rares moments difficiles à suivre

Divers

Paru le : 20/07/2020

Éditeur : Les Trois Nornes

Extrait de La Gardienne du chardon

Une main forte toqua contre la porte, à temps. Elle n’avait qu’une envie, celle de brûler ce ramassis de foutaises. Isobel chassa les comptes-rendus débordant de ses couettes puis ouvrit avec méfiance sa porte. L’Écossaise releva un regard agacé vers ce visage reconnaissable. Les avant-bras appuyés contre le haut de l’embrasure, l’homme offrait un sourire continuel.

À travers les ogives de pierre construites pour soutenir le plafond du couloir, les rares rayons se glissaient dans les cheveux d’or impeccablement peignés du promeneur. Ses paumes se refermèrent solidement sur le bois, celles d’Isobel se contractèrent. Le silence. Ils ne savaient pas quoi se dire véritablement. Isobel lui lança un regard las, sans concéder un pas de recul, et grimaça face à cette moue rassurante. Elle se contenta de ruminer pour réfréner son besoin de lui arracher cette expression insupportable.

La Gardienne du chardon

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